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Bouddhisme : voie du milieu, coproduction conditionnée et vacuité

Trois vocables pour définir trois étapes de l'expérience mystique des éveillés grâce au Recueillement dans l'immobilité. Cette réalisation le Bouddha Shakyamuni en a fait l'expérience et a enseigné comment la faire.
Dans l'histoire du bouddhisme, les trois expressions ont marqué l'évolution de la doctrine philosophique du bouddhisme depuis l'expérience première du Bouddha jusqu'à la dialectique parfaite de Nagarjuna.
Dans la démarche individuelle d'un pratiquant, les trois formulations décrivent son avancement dans l'appréhension de la perfection de sagesse.

Voie du milieu :
ni éternalisme ni annihilisme, ni aséité (substantialité en propre) ni abaliété (création extrinsèque), ni existence ni non-existence, ni Soi ni non-Soi.

Partant de ses propres expérimentations le Bouddha a exposé dès ses premiers sermons (cf. Aranavibhanga sutta dans Majjhima nikaya) le concept de voie médiane. La voie qui est intemédiaire entre la complaisance sensuelle et la mortification. Celle qui est intermédiaire entre la rigueur égocentrée de la prise de contrôle intégrale de son être, et la rigueur d'une discipline fondée sur le présupposé d'un pur esprit inné que l'on parviendrait à réaliser par "soustraction" progressive du corps. Abandonnant les deux pratiques extrêmes, il abandonne aussi toute idée d'un résultat à atteindre. Il ne lui reste plus qu'à se rendre disponible pour laisser oeuvrer à travers lui la vie universelle (loi cosmique). Il découvre que la clé est très simple : l'immobilité du corps qui entraîne celle du mental. Tout l'être est alors à l'unisson de la vie universelle sans distraction du Soi. C'est la "voie du milieu".

Coproduction conditionnée :
non-substantialité en propre, interdépendance et impermanence.

Dans le Kaccayanagotta sutta le Bouddha dit : "Les gens s'intéressent le plus souvent à ces deux opinions extrêmes : l'existence et la non-existence. Cependant celui qui voit l'apparition du monde avec la sagesse réaliste ne s'attache pas à l'opinion que le monde n'existe pas. Et celui qui voit la cessation du monde avec la sagesse réaliste ne s'attache pas à l'opinion que le monde existe."

Le Bouddha enseigne ainsi de regarder toutes les choses du monde selon leurs quatre aspects : un fait, son apparition, sa cessation et la voie vers sa cessation.

Au 2ème siècle après JC la dialectique de Nagarjuna qui a pour ressort une logique originale avec trois opérateurs (formels ou sémantiques) et un mode de raisonnement typiquement bouddhique (le tétralemme) - s'abolit dans sa phase ultime et ouvre la voie à une méditation sans intention, ni parole. C'est un retour à la source du bouddhisme où le Bouddha a commencé à s'exposer à la loi bouddhique pour ensuite seulement formuler puis exposer les ressorts de son enseignement.

Le madhyamika étend le concept de voie médiane à sa conception du monde, rejetant les extrêmes qui consistent tantôt à affirmer l'existence intrinsèque du réel, tantôt à la nier. Il n'y a que « vacuité », c'est-à-dire coproduction en dépendance, ou coproduction conditionnée: non pas « cela est (dans l'absolu) » ou « cela n'est pas (dans l'absolu) », mais « si ceci apparaît, alors cela apparaît ». Ici la voie médiane dépasse le cadre de simple pratique, travail sur soi, effort de connaître son esprit, pour s'affirmer comme raison philosophique. La connaissance, comprise comme lucidité sur son propre aveuglement, est voie moyenne.

 

Références

 

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