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L'accompagnement bouddhiste à la fin de la vie
- (Le texte en 4 parties) -

Partie 1/4
Mourir, comment faire face à cette étape de la vie la plus personnelle et intime ?

Partie 2/4
Les quatre bonnes façons pour agir en compassion

Partie 3/4
Les quatre actes nécessaires pour avoir l'esprit en paix au moment ultime.

Partie 4/4
Conduire un souffrant vers une fin sereine - (Un cas expliqué) -

 

Lire aussi le supplément à cet article :
"Attitude bouddhiste pour aider les grands malades dans la douleur et la souffrance ultime"

Accompagnement bouddhiste à la fin de la vie

 

L’accompagnement bouddhiste en fin de vie se fait avec compassion pour les souffrants. A l'approche de la mort, la peur de mourir, la douleur de l'agonie s'apaisent par le pardon, le repentir, la méditation, le recueillement dans l'aspiration à la paix de l'esprit définitive.

 

(1ère partie)

Mourir,
comment faire face à cette étape de la vie
la plus personnelle et intime ?

 

Introduction

Le texte qui suit est celui d'une conférence donnée au Temple Zen de la Gendronnière les 28/29 mai 2005 par maître-zen Kengan D. Robert dans le cadre du symposium "Vie, mort, Nirvana".

 

Bonjour,

Ce que je vais vous exposer ici est fondé sur l'apprentissage que j'en ai fait auprès de mon "Vieux maître" (rôshi) Shûyû Narita, dans son temple Tôdenji, province d’Akita au nord du Japon. Comme j’étais un moine de son temple, il me faisait l'accompagner dans des visites à certains paroissiens grabataires très malades. De l'exemple qu'il m'a montré en ces occasions, je retiens que sa façon de leur parler de ces choses éminemment sérieuses que sont la maladie terminale et la mort et des souffrances que cela entraîne, était toujours très simple. Il parlait sur le ton de la conversation mais ses paroles bonhomme en apparence, pénétraient profondément ses interlocuteurs. Ensuite, dans nos discussions il insistait sur le rôle que nous avions de permettre à ces personnes – pour la plupart des cultivateurs et des travailleurs ruraux – d’avoir une pensée ultime la plus proche possible de l’éveil bien qu’elles n’aient jamais pratiqué zazen.

" La façon la plus simple et la plus radicale
d’aborder sa mort
est le Recueillement pur et nu. "

Evidemment pour vous qui êtes pour la plupart des pratiquants sérieux, je pourrais réduire ma conférence à sa plus simple expression. Il me suffirait de dire, en bref, que la façon la plus simple et la plus radicale d’aborder sa mort est le Recueillement pur et nu – shikantaza « seulement être assis ».

Et pourquoi ? Parce que c’est l’un des aboutissements du Recueillement Zen que de préparer l’individu à tirer profit de l’occasion unique que représente la mort. Cette pratique, vous le savez, consiste à transformer cette phase de l’existence – l’approche de la mort – en sagesse car elle accompagne l’état le plus subtil de l’esprit. A ce moment ultime de la vie, l’esprit est « privé », pour ainsi dire, de tout conditionnement, et il se trouve alors dans son état le plus pur. Et malgré tous les commentaires qui ont été faits par la suite, il reste que le meilleur exemple est celui du Bouddha Shakyamuni qui nous l’a montré dans toute sa simplicité au moment de sa propre mort. C’est décrit dans le Parinirvana Sutra. Il suffit donc de suivre son exemple ! Il est notre Maître ! Rien ne dit, en effet, qu’en quelques jours, quelques heures, quelques minutes, quelques secondes même, il ne soit pas possible de s’éveiller. Mais quand il faut mourir, il faut mourir ! Qu’on soit éveillé ou non.

" C'est parce qu'il ignore que
son "moi" n'a pas de substance en propre
que l'homme a peur de mourir . "

Dans la réalité, il n’y a cependant pas besoin d’être éveillé pour bien mourir. Il suffit de mourir ! En effet tout dépend de l’enchaînement sans rupture des karma. Comprenez bien que le mot sanskrit karma signifie : « un acte gros de sa conséquence dans la conscience ». C'est-à-dire que dès qu’on fait quoi que ce soit, que l’on dit quoi que ce soit, que l’on pense quoi que ce soit, dans l’instant même – dans le même temps ! – cet acte « pond » sa conséquence dans notre conscience. Ensuite, le temps de maturation de la rétribution de cette conséquence est variable. Cette loi du karma est donc essentielle car elle conditionne un enchaînement d’événements dans notre vie qu’on appelle « continuum d'existence ». Ces événements sont les « moments de vie » et ils ont toujours lieu au point de convergence de causes et de conditions. Lequel point de convergence n’arrête pas de se répéter. Sans cesse, sans cesse on est toujours au point de convergence de causes et de conditions qui déclenchent l’apparition des choses, parmi lesquelles notre propre personne, évidemment. Ce moment de convergence, nous dit le Bouddha, ne dure que le temps d’une pensée. Donc comme nous le dit le sutra : « nous ne vivons que le temps d’une pensée. Une pensée qui prend naissance, qui vit, et qui meurt dans le même temps. » Comme on pourrait le dire d’une note de musique jouée sur un instrument. C’est pourquoi le « moi », (le « moi-je », le « soi », l’ego, etc.) n’a pas de substance en propre. Mais les causes et conditions font qu’on s’agrippe à ce « moi » illusoire et au monde qui conditionne son existence. C’est ainsi que l’homme a peur de mourir.

" Ce n'est pas ce qui se passe après la mort
qui importe, mais le fait d'arriver ou non à avoir
l'esprit en paix au moment ultime de la vie. "

A l’inverse, bien sûr, c’est ce qui fait que le pratiquant de plus en plus imprégné de cette évidence de l’absence de substantialité du « moi », va comprendre que ce n’est pas ce qui se passe après la mort qui importe, mais le fait d'arriver ou non à avoir la conscience tranquille, la paix dans l’esprit lors de sa toute dernière pensée, au tout dernier moment de sa vie. En dépit de tout le flux d'événements heureux ou malheureux qui a conduit jusqu'à cette mort.

Tel est le fondement de la foi d'un bouddhiste qui est conduit à s’adresser à quelqu’un qui le sollicite avec la peur de mourir. Tel est le point de départ de notre démarche de conseiller spirituel aux personnes qui sont en train de mourir.

A qui avons-nous affaire ? Il peut, certes, s’agir d’un grabataire dont l’espérance de vie ne se compte plus qu’en jours ou en heures. Mais il peut s’agir aussi d’une personne bien portante pour laquelle la perspective de sa propre mort devient si prégnante qu’elle noircit sa vie. Si, vu d’une certaine façon, on peut dire que la mort commence dès qu’on prend naissance, nous voyons que la pratique religieuse trouve sa pertinence tout au long de la vie. Quel que soit le moment où celle-ci se termine. "On ne sait jamais ni le lieu, ni l'heure !"

Si les personnes qui ont l’occasion de nous interroger en notre qualité de religieux pour obtenir un éclairage différent sur leur façon d’appréhender leur vie et leur mort font cette démarche, il leur est néanmoins très dur d’admettre d’être bousculées dans leurs certitudes.

Et pourtant, qu’est-ce qui est immédiatement utile quand il faut, par exemple, consoler dans l’urgence ceux qui sont au bord de la mort — ceux qui nous ont fait demander parce qu’ils ont l’idée que nous sommes d’abord des religieux de totale confiance ? Il arrive souvent que nous ne connaissions pas cette personne et qu’elle veuille se soulager par une confession avant de quitter ce monde. Elle attend de nous un dernier conseil pour mourir paisiblement. Et, disons-le, on ne connaît pas cette personne et on s’aperçoit qu’elle n’a aucun fond religieux. Elle a peur de la mort. Et surtout, ceux qui l’entourent, encore plus. Et c’est pourtant notre devoir de religieux de répondre.

Alors comment faire ?

Lire la suite : Les quatre bonnes façons pour agir en compassion

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