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L'accompagnement bouddhiste à la fin de la vie
- (Le texte en 4 parties) -

Partie 1/4
Mourir, comment faire face à cette étape de la vie la plus personnelle et intime ?

Partie 2/4
Les quatre bonnes façons pour agir en compassion

Partie 3/4
Les quatre actes nécessaires pour avoir l'esprit en paix au moment ultime.

Partie 4/4
Conduire un souffrant vers une fin sereine - (Un cas expliqué) -

 

Lire aussi le supplément à cet article :
"Attitude bouddhiste pour aider les grands malades dans la douleur et la souffrance ultime"

La compassion est la condition impérative
de l'aide aux mourants

Les Quatre bonnes façons d’un bouddhiste pour agir en compassion sont 1) le don, la générosité, et la charité ; 2) la parole franche et sincère dite avec amour ; 3) les actions, gestes et agissements pour le bien de l'autre dans le désintéressement ; 4) l'empathie qui épouse la douleur de l'autre pour l'en libérer.

 

2ème partie

Les quatre bonnes façons pour agir en compassion 

En ce qui concerne la méthode et l’état d’esprit qu’il faut avoir en cette occasion, pour un bouddhiste pratiquant, et aussi pour tout le monde, la condition sine qua non c’est la compassion. Je vous invite à vous faire une règle de conduite des conseils contenus dans le chapitre du Shôbôgenzô de Dôgen Zenji, intitulé « Les Quatre bonnes façons d’un Aspirant à l’Eveil pour aider les êtres. » [Bodaisatta shishôbô].   Les quatre façons sont : a) donner, b) parler avec amour, c) agir pour le bien de l'autre, et d) être en empathie. Dans votre relation avec les gens que vous accompagnez, remémorez-vous automatiquement cette sorte de « mantra » surtout dans les cas difficiles et d’incertitude. Il clarifie la vision des choses, je peux en témoigner.

" Le partage de l'Eveil
est la forme la plus élevée du don. "

Premièrement Dôgen Zenji prêche l’acte de donner : faire un don gratuit et dénué de dualisme entre le donateur et le donataire, entre l’Enseignement et la richesse matérielle, entre l’esprit et la matière. Autrement dit, le don est la manifestation de la générosité, de la charité, de l’altruisme – qui sont l’expression de la bienveillance et de la compassion. Le partage de l’Eveil est la forme la plus élevée du don, voilà ce que nous dit Dôgen Zenji.
Dans l’accompagnement des mourants, celui qui tient la main de celui qui part lui fait don de sa foi, de sa raison, de son avance dans l’apprentissage de l’Eveil, de sa paix intérieure. En retour, celui qui part et dont la main est tenue fait don de sa souffrance, de ses peurs, de ses peines et il nous présente la vérité de notre propre agonie future.
L’exemple qu’il nous donne est son don ultime. Il faut le chérir comme le plus précieux des cadeaux.

" Parler avec amour
c'est d'abord parler avec franchise
dans la compassion. "

La deuxième attitude pour aider les autres est celle de « parler avec amour » (aigo). Ici, il ne s’agit évidemment pas seulement de paroles aimables et pas non plus de « petits mots d’amour ».  Mais comme le dit Dôgen Zenji : « Parler avec amour (aigo) signifie que quand vous rencontrez des êtres vivants, votre première pensée est celle de compassion et que vous leur parlez avec des paroles pleines de considération et d’affection. » Et il nous dit, – écoutez comme c’est beau ! : « Parlez en gardant à l’esprit cette pensée que le Bouddha prend soin des êtres avec tendresse comme s’il tenait des bébés dans ses bras. (…) Et il ajoute : plus vous prendrez plaisir à parler avec amour, plus vous multiplierez ces paroles aimantes. » Si l’on suit Dôgen Zenji : quand on est face à celui qui va mourir ou qui souffre dans l’angoisse et dans la panique, parler avec amour c’est d’abord parler avec franchise dans la compassion. Et fort de cela, c’est avec amour que le maître Zen Ikkyû répondit ceci à un mourant qui s’inquiétait de sa fin proche : « Oui, vous allez mourir ! Moi aussi je vais mourir. Les autres aussi vont mourir. » Cette déclaration dans une telle circonstance émanait d’une grande compréhension de la souffrance humaine. C’est pourquoi, Dôgen Zenji présente plus loin la vertu d’empathie (dôji).

" Agir pour le bien d'autrui,
c'est le faire sans attendre de retour. "

La troisième attitude de l’aspirant à l’Eveil qui aide autrui à traverser sur l’autre rive est celle « d’agir pour le profit de tous les êtres » (rigyô).
Dôgen Zenji nous dit : « Agir pour le bien de tous les êtres signifie que vous mettez tout en œuvre pour que tous les êtres, supérieurs ou inférieurs, profitent de vos attentions. (…) N’attendez pas de retour de faveur pour avoir, par exemple, soulagé une tortue dans l’embarras ou pour avoir soigné un oiseau blessé, mais soyez toujours poussé uniquement par votre envie d’aider autrui. (…) La pratique qui consiste à agir pour le bénéfice d’autrui appartient à la vérité absolue. ­– C'est-à-dire qu’on ne peut pas y échapper. – Elle profite donc et aux autres et à vous, à l’infini et dans l’éternité. »

" En empathie, 
nous-mêmes et autrui sommes alors
une seule et indivisible ainséité. "

La quatrième expression de compassion d’un aspirant à l’Eveil est la vertu d’empathie (dôji).
Empathie signifie identification à l’autre, unicité avec autrui. « Unicité » est important !
Dôgen Zenji ne pouvait pas choisir plus grand exemple quand il nous dit : « Le Tel-quel Advenu (Tathagata) est né dans le monde des hommes et il a vécu une vie humaine. » Ceci est le plus grand et le plus bel exemple d’empathie possible d’un bouddha. Et Maître Dôgen nous explique: « Quand nous rendons réelle l’empathie avec les autres, nous-mêmes et autrui sommes alors une seule et indivisible ainséité. » (…) Et il ajoute : « Il y a en cela la vérité suivante : quand le soi a assimilé autrui en lui, le soi à son tour est assimilé par autrui. » Alors en ce qui nous concerne : quand une personne est face à son tout dernier moment nous pouvons alors partager notre vie et notre mort avec elle. C’est cela l’empathie.
Ici, nous ne parlons pas de « ressentir » de l’empathie. Il s’agit de « rendre réelle » votre empathie dans ce que vous faites ou dites réellement. La pratique du bouddhisme ce n’est rien d’autre que rendre réelles les vertus humaines ! C’est très simple !
Vous pouvez tenir la main de cette personne, lui masser le dos, lui faire boire un peu d’eau ou simplement être présent avec elle. Dans certains cas vous pouvez faire zazen à côté du lit. Tous ces gestes constituent votre pratique réelle de l’empathie, votre identification avec cette personne. Toutefois la compassion désintéressée n’apparaît pas du jour au lendemain. Il faut la pratiquer jour après jour. Il faut s’y exercer dans les petites choses de la vie, les petits contacts anodins avec les autres, au quotidien, jour après jour.
Même si vous n’aimez pas cela, il faut le faire. La pratique du Zen est ainsi !

Ne perdons pas de vue qu’aider autrui consiste du point de vue du Bouddhisme Zen, comme le disait mon vieux maître quand il me parlait de ses paroissiens, à le faire aboutir sinon à l’éveil, au moins à avoir la conscience tranquille, à avoir l’esprit en paix au moment ultime.

Lire la suite :Les quatre actes nécessaires pour avoir l'esprit en paix au moment ultime.

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